miércoles, 8 de enero de 2020

A landscape : blown away by the wind

"Il y avait une beauté particulière dans les choses abandonnées, rouillées, maltraitées par le temps... Des trains anciens dans un état pitoyable dormaient sur les voies depuis longtemps oubliées. Du gazon vert foncé poussait sur les rails et cachait la ruine, le délaissement de jadis. Des oiseaux noirs survolaient l'endroit que les mains des hommes avaient bâti. Et moi, apuyée sur le garde-corps d'un pont, je me suis dit : Comme quoi, il faut croire que même dans le néant il y a de la vie. "


S. Hexentanz




lunes, 6 de enero de 2020

Time


"J'avais creusé une tombe profonde pour y enterrer toutes mes pensées et avec elles ton image.
Maintenant il y a tout qui me traverse d'un coup la tête comme des comètes avec plus de puissance,
Je vois tout clairement comme si c'était hier et j'avais face à moi ton visage.
chaque fois que tu te tenais début et gardais tendu tes distances devant moi,
chaque fois que l'on marchait les deux ensemble, circonspects, en silence,
chaque fois qu'on se croisait et je te regardais disparaître au fond du couloir,
chaque fois qu'assis sur l'herbe et en buvant on a vu à l'horizon le soleil couchant.

Fallait croire qu'on avait manqué un chapître et l'histoire n'était pas encore finie.
Dès ma fenêtre j'ai vu les saisons passer et les arbres dormants ôter enfin leur habit,
j'ai attendu obstinée l'oubli août, octobre, décembre avec patience jusqu'à défaillir.
Helàs je me rends compte que le temps m'a trahi et que la vie est une comédie,
elle m'amène de nouveau la finesse de ton humour et l'intensité de tes regards furtifs,
elle m'amène les ravages de ton énergie chaotique sur ma chair comme un feu vif,
elle m'amène le secret plaisir nocturne, la fusion ultime de deux corps brûlants sur un lit,
elle m'amène ta voix, ta colère, tes cris, mais aussi ta bienveillance, ton amour, tes désirs.

Et moi qui me croyais fée, sirène, sorcière, me voici ensorcelée par la verve de ta poésie magique,
cherchant à jamais l'union astrale désespérée, l'hurlement du grand besoin métaphysique,
de fondre deux âmes blanches au fond d'un puits pour en faire une plus pure et dévastatrice
que l'irrévocable attraction fatale de l'univers tournant autour de son noyau obscur et sublime.

Homme, j'ai prononcé ton nom un million de fois dans mes rèves jusqu'à oublier comment le dire.
Désormais j'aurai besoin de tes mots envoûtants comme les étoiles nécessitent du noir pour luire,
si pour les avoir il faut veiller à toi et ton coeur fragile je passerai mille et une nuits sans dormir,
Et dans mes journées de solitude je tirerai fort vers moi de la chaîne invisible qui nous unit,
pour te trainer en dehors des profondeurs de l'abîme si tes forces te lâchent et que tu t'enfouis."


S. Hexentanz



(Alone together, Maria Kreyn)