" C'est
quoi Paris?
C'est
le flâneur solitaire dans les grands boulevards, c'est l'avidité
imprégnée d'une profonde mélancolie inspirée par le paysage
crépusculaire de la Seine, toute silencieuse, en repos. Hélas,
entourés de gens de tous les côtés on s'est jamais senti aussi
désemparés, même pas à la naissance, ni au seuil de la mort. Des
silhouettes sans visage dansent très vite partout tout autour de nous, alors que
nous... on va, on vient, lentement, en cadence, sans atteindre une
destination. Au dessus de nos têtes il y a une myriade de lumières
pâlissantes, bleues, rouges et blanches, qui loin d'éclairer la route et nous
amener vers d'horizons plus doux, rendent l'ambiance encore plus
éthérée et glaçante. Mais ça nous va bien. Et malgré ce
sentiment de vide dont la nature échappe à la compréhension, on ne
peut pas s'empêcher d'aimer la beauté époustouflante de cet
endroit onirique et étrange, que l'on ne pourra en aucune manière
appeler foyer,
et qu'un jour disparaîtra de nos mémoires avec tout ce qu'il
contient. Et
en attendant que quelqu'un nous retienne du bout des doigts un
instant, et nous regarde droit dans les yeux comme en disant
“désormais, je resterai avec toi”, on continue à marcher d'un
air enivré sans décrocher du point de départ. On prend plaisir à
envisager l'impossible dans le regard de l'autre, séduits par l'idée
qu'il nous aime comme on l'aime, et à tourner en boucle sur soi-même... On
dirait que c'est l'éternel retour, et que tout a un sens pourvu
qu'on n'y s'approche pas. C'est ça Paris, une utopie secrète dans
l'esprit universel, insaisissable, magnifique, fuyante comme la lune
dans le ciel. Un frisson féroce et éphémère qui me fait trembler
de la tête aux pieds, un amour doux-amer emporté par un bateau qui
abandonna trop tôt le quai, un dernier baiser parfumé sur le front
avant de partir ailleurs.
Elle
ne peut pas être autrement...et peut-être que c'est tant mieux."
S. Hexentanz
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